POÉSIE

La haute mission de l’art

est de préfigurer par ses illusions

une réalité supérieure de l’univers,

de cristalliser les émotions du temps

dans une pensée d’éternité.

 

 Collectif Cosmogonie d’Urantia

La poésie est le commencement et la fin de toute connaissance.

 W. Wordsworth

sur la Poésie

Son Excellence déclara: « C'est une grande grâce d'être honoré dans ce centre de spiritualité qui influence tous les états de l'Inde et même les pays des autres continents! » 

Le jour suivant était celui des poètes; on y lisait des poèmes en sanskrit, en telugu, en urdu, en tamoul, en kannada et en anglais devant Sri Sathya Sai Baba qui, bien naturellement, donna à chacun un avis précieux : 

« Le poète est capable de faire plus de découvertes que le simple penseur. Il reconnaît et connaît le prochain pas et le prochain... en fait, il est conscient du but. Le kavi ou poète est divin, dans l'opinion publique indienne. Aussi a-t-il une énorme responsabilité. Il est 'anusasithara', celui qui établit les lois et les normes. Il ne devrait pas se plier aux caprices de la multitude dans le seul but d'obtenir une renommée bon marché ou une fausse prospérité.  Il doit canaliser et fertiliser l'impulsion divine dans l'homme.  

Les poèmes qui traitent des problèmes essentiels de la vie et de la mort, de la liberté et du destin, de la vérité et de l'illusion, de la vertu et de la tentation, de l'ascension et de la déchéance, de l'aspiration et de la réalisation, perdureront à travers les âges, car ils auront fourni quelque chose de profond à l'homme. Plus profonde que les sens ou la raison ou la passion, il y a l'inspiration, source de 1'illumination. La lutte de l'homme pour découvrir le Créateur au sein de la création soulèvera un enthousiasme authentique. » 

Sri Sathya Sai Baba s'éleva contre la poésie sans consistance et prétentieuse, les couplets enflammés et rageurs, les chants rythmés et les fatras dépourvus de sens. 

«Ne contaminez pas les autres avec vos superstitions et vos embarras.»

Ainsi, Dasara se transforma en un séminaire sur l'étude spirituelle dans un Institut de réhabilitation de la spiritualité… 

 

Sathyam Shivam Sundaram II, chapitre 9 "Joie Divine", p 118fr 

N. Kasturi - éd. Sri Sathya Sai Books & Publications Trust

 

"La vraie poésie émane de l'appel du Divin en dedans, pour s'exprimer en vocabulaire sublime. Elle accorde une joie durable aussi bien au poète qu'aux lecteurs. Elle n'abaisse pas son évaluation du monde ni de son Créateur. Les lecteurs doivent attirés plus souvent à lire de la poésie, et chaque fois qu'ils passent en revue et ruminent sur ses lignes, de nouvelles visions de la signification doivent s'ouvrir devant leurs esprits. Puis c'est seulement alors que la poésie peut être de tout temps et pour tous les hommes.

Les poètes doivent d'abord découvrir Dieu et puis, disséminer leur extase vers ceux qui ont soif de cette beatitude. Et, qui n'a pas cette soif profonde en lui-même? Chacun est en exil, trimant pour sa maison, en Dieu. Le pèlerinage vers Dieu peut être rendu doux, rapide et sûr, par le bon type de poètes. Une personne aveugle ou une personne boiteuse ne peut pas traverser le fleuve au gué, par lui-même. L'homme boiteux peut monter sur l'homme aveugle et le faire traverser en sûreté. Car, il a l'oeil et l'autre a la détermination et la force. Le poète a l'oeil plein d'expériences; il connaît le chemin; il peut éviter les pièges et aider les autres à faire de même. Il peut encourager, parler avec beaucoup d'enthousiasme."

"La poésie de l'Amour"

1 avril 1974 Hyderabad Sri Sathya Sai Baba

POÈMES LAURÉATS

PETITE FLEUR 1988 Concours Nivelles & 1994 Prix Apple.

HESBAYE Prix 1991 AREW (Association Royale des Ecrivains wallons) de poésie.

ELLE Mention au concours 2000 UAICF (Union Artistique et Intellectuelle des Cheminots Français).

LAGUNE  Deuxième Prix au concours 2001 UAICF.

DANSER 2001 Premier Prix Cheminots Belgique et Prix d’encouragement de la province du Hainaut.

JOURS SANS JOUR Prix spécial 2001 de la Délégation générale à la langue française (meilleure défense de la langue française) et Prix 2004 AREW de poésie.

POÉSIE  Mention extraordinaire au Prix mondial 2010 de poésie multilingue Nosside (47 langues, 58 pays, 291 participants).

 

QUELQUES CRITIQUES

Corps à cœur

Étrange homme que cet André Streel, et qui nous surprendra toujours... Excessivement bien doué et se jouant des règles et des formes fixes, égrenant rondeaux, villanelles, ballades, pantoums sans effort apparent, sans rien qui pèse ou qui pose ; passant, en un instant, du ton des troubadours à celui des romantiques ; pratiquant la poésie la plus légère à côté de la plus profonde ; en équilibre stable sur les lignes de crête les plus acérées ; abordant les thèmes apparemment les plus divers. . . Mais sous le vernis un peu grinçant de l’humour, de la sensualité, une sorte d’âpreté, de tristesse profonde, ainsi dans ce superbe poème où il s’adresse à sa mère, dans cet autre tout barbelé où il célèbre la Hesbaye,

Je veux mourir Hesbaye, orgueilleux solitaire,

Comme meurent tes champs, sans un cri, sans un pleur.

Je veux mourir fidèle aux fêtes de naguère,

Comme eux tous, sous les coups de monstrueux moteurs !

Un recueil qui vous touche, vous interpelle, ne peut vous laisser indifférent ; qui ravira ceux qu’enchantent les rythmes anciens aussi bien que les écorchés de la vie.

              Revue Reflets Wallonie-Bruxelles N° 11 septembre 2007 Joseph Bodson

 

J’ai beaucoup apprécié la poésie de “Corps à cœur”, ce tour de main (ou plutôt de plume) à la fois classique dans la forme et moderne dans le ton, l’inventivité verbale de la construction, le côté villonesque aussi et les images. Bravo.

Jean Jour, critique, courriel 2007

 

Avec grand plaisir, j’ai lu votre recueil “Corps à cœur”. Il y a un “ ton”, ce qui est important. J’aime ce mélange de sentences, de jeux autour des mots, de climat poétique. J’aime aussi l’utilisation des formes « classiques » et plus anciennes de la poésie : elles continuent à nous présenter les réflexions, les descriptions, les états d’âme. L’amour est pudique. L’inconnue suggérée comme dans « Nombreux sont les pays, hasardeux les chemins. À l’ombre de mon cœur vit un certain visage, où que flânent mes yeux, je ne vois qu’une image. »  J’ai un faible pour le poème ramassé de « Que fais-tu là dans l’illustré ? », original et amenant l’interrogation en soi !

Jacques Mercier, Rtbf, courriel 2007

 

Vers de terre

Étrange impression, celle que produisent ces vers à la métrique très classique, très régulière, et les propos pince-sans-rire, le vocabulaire parfois familier, où le style noble côtoie l’apostrophe bouffonne. Mélange bizarre de gueulantes dignes du Chat Noir et de règles strictes que pourraient couronner les Académies de Jeux floraux : tout cela fait un cocktail assez détonant. Bref, des vers que Maurice Rollinat ou Charles Cros n’eussent pas désavoués, et qui pourraient entrer dans une anthologie du bizarre, de l’inattendu.

Une pièce comme Clown témoigne d’une grande virtuosité verbale, d’un sens aiguisé du rythme en même temps que d’une sensibilité un peu décadente, à la Jules Laforgue, qui est loin d’être sans charme.

Bref, un personnage qui peut paraître anachronique en ce siècle où le banal tue l’originalité, une sorte d’albatros échoué sur un étang de vase pourrie.

Des défauts ? Il y en a, bien sûr, un penchant un peu trop poussé pour l’anecdote, une prolixité trop grande. Un peu trop d’éloquence, et même de grandiloquence, un goût immodéré du calembour… Mais cela n’empêche, encore une fois, que ce recueil renferme bien des beautés.

Reflets, N°16 juillet-août 2008, Joseph BODSON

 

GRADATION DES RECUEILS DE POÈMES

Ils montent de la terre au ciel, les VERS DE TERRE rampent, les CORPS À COEUR montent comme indiqué au Cœur, ceux qui sont AVEC BABA s'élèvent jusqu'au ciel de l'esprit ou tout au moins nourrissent cette ambition.

Les HAUTS DE FORME ne sont que pour ceux d'entre tous ces poèmes qui se distinguent par leur forme fixe. 

DE L'ANIMAL AU DIVIN rassemble quasi tous les poèmes en testament forcément poétique.

Enfin AVEC BABA couronne de poésie l'Avatar du temps

Fin des temps… du mal. Cycle invariable... Comme on le voit, l’âge de fer se termine, boucle ses cinq mille ans réglementaires ; comme on le sait moins, comme on n’ose le croire, c’est l’âge d’or qui est tout près de lui succéder, quatre fois plus long. Après l’enfer le paradis, sans transition ou presque, ainsi joue le Maître d’œuvre. L’erreur et l’horreur de l’illusion matérielle à son paroxysme avant le retour, d’autant plus contrasté, au réel de l’esprit bienheureux. Ignorance, mensonge, immoralité, haine, guerre s’éclipsent déjà devant le plus que savoir, la sagesse et donc la vérité, la droiture, l’amour, la paix. Le vent de l’évolution change de sens, au bout de la régression animale l’irrésistible remontée humaine, jusqu’à divinisation, plein épanouissement de notre nature effective, bienheureuse.

Le poète, lui, retrouve d’ores et déjà sa condition première de prophète, en l’occurrence il est fait messager blanc, il précède la révolution, la “prévoit”, annonce en l’illustrant la très bonne nouvelle. Seule incertitude, pour quand très précisément le grand passage ? Les paris sont ouverts. Bien avant la fin de ce siècle en tout cas.

Aussi après avoir constitué de « Vers de Terre » le socle bien lourd, bien sensoriel, bien réaliste de ma pyramide en vers, après y avoir ensuite posé les pierres poétiques qui, montant de l’émotionnel animal au sentimental humain, font du « Corps à Cœur », il me restait à couronner le tout de son apex, lui-même pyramidal, piquant, trouant le ciel, touchant au plus le spirituel, le mystique, le cosmique, bref baignant au plus dans la lumière du réel libérateur des apparences. Monument de la vie enfin complet, symbolique du cheminement obligé de notre fabuleuse destinée à tous. Tout est mal qui finira bien.

Ce qui, au-delà de la tout à fait déraisonnable et inexplicable inspiration poétique, m’a amené à noircir ces quelques pages aspirant la lumière de l’avenir sur la nuit du présent, c’est le changement de nourriture mentale qui suivit cette lecture littéralement déroutante, à mes dix-huit ans, aux portes du suicide : « Le matin des magiciens ». Oui, c’est bien cela qui m’a fait quitter pour longtemps les restaurants du savoir intellectuel qui me laissaient affamés pour l’assouvissante sagesse spirituelle de l’orient, magiquement vraie, notre demain matin et pour longtemps…

RECUEILS

IL BRUINE UN PEU

Plaquette sans prix, révélation à moi-même de ma capacité poétique en des circonstances tragiques car je meurs à 18 ans, je perds toute une vitalité que je ne retrouverai plus, et ce, en suite d'un accident de démocratisation scolaire, psychotropes + électrochocs, le duo gagnant, plus de mémoire, la dépression à demeure en permanence, la poésie comme bouée de sauvetage, porte ouverte en continu sur le réel. Je crois même qu'elle va être lue, la plaquette se vend comme des petits pains à cette fête culturelle de ce gros village mais non je dois vite déchanter : il y a méprise là sur la tablette d'entrée du hall d'exposition on a pris ma plaquette pour le programme des festivités et le plan des stands. Je dois rembourser les acheteurs déçus, lésés, que dis-je trompés...

Et puis il y a ce tout gros encouragement d'un maître à la fois de poésie et d'édition, Pierre Seghers, peu avant qu'il ne décède et son entreprise va le suivre dans la tombe.

Cher poète,

Je crois que vous êtes réellement poète, habité par la poésie. J’aime surtout – pas pour le sujet, pour le langage – les vers de « Putains ». C’est fauve et violent, juste et neuf. L’allitération « Le vin de vie des vignes vaines » est excellente, et l’âpreté du ton. Inventez-vous votre langue, travaillez serré, ne ressemblez à personne, avant tout bon courage. (Rendez-vous dans un an !) Tout en sympathie,

Pierre Seghers, poète éditeur, 23.11.1972

CORPS À COEUR

André Streel fait siennes deux traditions poétiques : des formes classiques et exigeantes dans lesquelles pourtant se déploie une libre inspiration et des vers populaires, familiers et puissants.

Le poète relève le défi de parler d’aujourd’hui avec les moyens d’hier.

Poésie délicate ou chanson populaire, l’écriture d’André Streel est pénétrée d’un souffle original et fort, sans pudeur ni retenue.

Celui qui est en scène ici, c’est l’homme, ce champ de bataille unique, terrible et fameux, où s’affrontent le plus haut et le plus bas, l’esprit et la matière, au corps à cœur.

Joseph Bodson, Areaw

Au Parc

 

Je m'en allais le cœur au vent,

Dans l'indécis, tel un passant,

Cueillir les jeux et les surprises,

Les graves airs et les sottises

D'humaines gens déambulant

Dans le grand parc ouvert au vent.

Piaillements plus que frivoles,

C'était déjà fini, l'école!

Et l'on courait en se battant,

Le sac trop lourd de faux savants...

Il me sembla par ces francs rires

Retraverser un gai martyre,

A côté d'eux, sur un vieux banc

Qui m'attendait depuis trente ans.

L'encre soudain était humide

Et serpentait en ligne avide

De dessiner le clair printemps,

Quand tout palpite, effervescent!

Charmants coquins, sacrés poètes,

Etonnements toujours en fête,

Merci les gars pour la leçon!

Dus-je leur dire à ma façon.

Me croirez-vous ? Je les vis même

Rester ainsi, pleins de "je t'aime",

Soleils vivants, ne plus grandir,

Tellement fous de hauts désirs.

Déjà par deux! Et les petites

Avaient ces yeux qui précipitent

Les vrais serments, les purs hymens

Mettant à jour le noble éden.

J'étais déjà dans d'autres âges,

Sans morts ni pleurs, sans maux ni rages.

L'esprit vainqueur, le cœur léger,

Je m'en allais nouveau, rené,

À dos de vent, par l'éther libre

Où le bonheur sans répit vibre.

 

VERS DE TERRE

Vers de terre qui mine de rien n’en touchent pas moins le ciel, à l’horizon.

Vers de terre qui n’en creusent pas moins des tunnels de lumière, dans leur terre, comme pour descendre les hauteurs du ciel jusqu’au plus bas de leur envers enfer.

Vers de terre à chaque fois histoire qui peut bien d’autant plus mal commencer à la rigueur qu’assurée de véritablement bien finir, quoi qu'il en paraisse, comme toutes les histoires des hommes.

C’est que sous le mental qui ment, égare dans l’illusion, disloque dans la souffrance, il y a le cœur qui sait et le fil qui relie à son immuable toute-puissance. Nous pouvons bien jouer autant que nous voulons à le couper, il est par essence indestructible.

UNIPERVERSITÉ

 

Fort malheureusement catalogué malin,

J'ai donc été longtemps le jouet de l'école,

J'ai même visité l'université folle,

M'y gavant à l'envi d'universel mesquin.

 

Fort aise de m'emplir la tête de son vide,

D'apprendre sagement à fort bien ignorer.

Dans mon cerveau sans fond avec soin j'entassai

Les moissons du formel, le son sans grain, putride.

 

J'y appris à ne voir que le non permanent,

À être aussi petit que mon corps de surface,

Enfermé dans ses sens, dans leur infime espace,

Le mental aveuglé, sous trop d'évanescent.

 

Je m'égarai bien vite au fond du faux savoir,

Commençai à mourir de pourquoi sans réponses,

À vraiment m'oublier, à perdre l'ultime once

De l'esprit que j'étais quand j'étais mon vouloir,

 

Quand j'étais cet enfant, la joviale innocence

De l'instinct distillant son naturel divin,

Quand j'ignorais savoir, quand je vivais sans frein

L'instantané vibrant de toute connaissance.

 

Un seul dieu aujourd'hui, déesse technologie.

Pas besoin de robots, nous en sommes déjà,

Enchaînés aux ordis, à la tv sofa,

Morte est la poésie et morte donc la vie.

 

Sacré intelligent, le farceur intellect,

Idolâtré Einstein et sa bombe atomique,

Dissimulé Tesla, par trop philanthropique,

On proclame le droit, on pratique l'abject.

 

La science est religion, son culte, l'apparence.

Les bardés de diplômes ont des airs de curé,

Leur immoral subtil sait le vrai bien singer,

De beaucoup de mots creux gorger l'insignifiance.

 

L'intelligence haute est vrillante fusée

Transperçant l'infini jusqu'à l'indescriptible,

Laissant à la raison le toc du perceptible,

Son éphémère fade et ses pâles flambées.

 

L'intelligence haute attrape l'au-delà

Des couleurs et des sons, dépasse la pensée,

Se fond en ce qui est, en fête spontanée,

Fulgurance de cœur d'un éternel éclat.

 

Le savant prend pour vrais les reflets d'un miroir

Et se fait tout son ciel de nuages qui passent.

L'intuitif, lui, survole et le temps et l'espace.

Le savant croit savoir et le sage est savoir.

 

L'immuable est voilé par ego fait puissant,

Si fier de bien tuer la nature ennemie,

Si fier de tout couvrir d'imbécile génie,

La raison sans raison ouvre sur le néant.

 

Amen

HAUTS DE FORME

Par ces temps lourds de fin de monde où, bien sûr et tous azimuts, l’absence de règles est de règle, où il s’impose de s’adonner à toutes les libertés, c’est-à-dire de se laisser aller à toutes les licences, il me plaît de déplaire au mauvais bon goût ainsi institué en cet art poétique devenu dernier qui fut premier, et ce, en étant doublement anticonformiste, et ce, non seulement à me conformer aux normes de la versification classique mais encore à m’infliger d’aventure le corset de la forme fixe, et ce, peut-être un peu comme pour précipiter, à mon infime mesure, la venue du nouvel ancien monde, autrement dit le retour en la prison des devoirs qui libèrent.

Je vois passer bien des progrès

Se hâtant tous d’être en avance.

Mes vers ont, eux, la nonchalance, 

Traînant les pieds, du désuet.

Rondel

 Danser avec DIEU

 

 Oh, avec Toi toujours danser!

À notre dos mettre Tes ailes. 

Avec Toi en ribambelles

Voler sans fin, cœurs étoilés !

 

Faire avec Toi tourbillonner,

Tels des soleils, nos âmes belles !

Oh, avec Toi toujours danser!

À notre dos mettre Tes ailes. 

 

De l'Enchanteur nous enchanter,

Nous faire aussi jets d’étincelles

Zébrant d’amour l’enténébré. 

Oh, avec Toi toujours danser!

 

 

De l'Animal au Divin

Testament poétique

Passer de l'animal au divin, tel est le privilège plus que rare, tel est le pouvoir sublime et grandiose de l'humain. Il n'y rien au dehors, rien que l'image, la projection du dedans, de la guerre comme jamais totale et décisive qui s'y déroule aujourd'hui, au bout de l'âge de fer, aux portes de l'âge d'or, sur cette minuscule planète parmi des milliards d'autres, au sein de cette humanité parmi des milliards d'autres.

Le pouvoir humain est le choix. Matière ou esprit? Illusion ou réalité? Les nuages fugitifs de l'apparence ou le permanent du ciel? La fausse liberté et l'esclavage effectif de l'ego mortel ou l'absolue maîtrise du Soi indestructible? L'égoïsme animal ou l'amour spirituel? La tyrannie diabolique du désir incessant ou la paix sans fin du contentement? L'identification au vêtement saisonnier du corps physique ou la conscience d'être tout? L'isolement de la prison terrestre ou le retour dans le giron universel? La basse intelligence technologique ou l'illimité de l'intelligence métaphysique? L'enlisement dans le faux du multiple, de l'infiniment différencié ou le retour au dive un? L'ignorance qui croit savoir ou la toute-puissance de la vérité? Les sens et leurs petits plaisirs éphémères coincés entre deux peines ou la plénitude de la félicité qui nous constitue? …

Le poète éclaireur a un temps d'avance sur les autres, il voit d'ores et déjà la lumière certaine de l'aurore au bout d'une nuit qui semble éternelle.

Tous ces poèmes, y compris les plus légers, ne sont dès lors qu'un, l'illustration des combats intimes d'un humain et donc de tous les humains d'ici et maintenant. Tous ces poèmes comme tous nos combats ne sont non plus qu'une trame: si mal puissent-ils commencer, voire se continuer, c'est toujours la lumière qui gagne à la fin, la lumière du réel de l'esprit qui va trouer, irrésistiblement, le noir total de surface.

À   noter encore que la plupart des vers s'habillent classique et même parfois forme fixe : acrostiche, ballade, distique, fable, ghazel, lai, pantorime, pantoum, rondeau, rondel, sonnet, terza rima, triolet, villanelle, virelai, voire haiku et tanka…

Jours sans Jour

 

J'ai des jours morts de vie, étourdis, éblouis,

Ecrasés par le vol de rêves qui passèrent,

J’ai des jours rampant mal au fond de l'éphémère,

Entre  les feux éteints et les espoirs meurtris.

 

J'ai des jours trop pesants qui vont à pas petits,

J'ai des jours qui sont nuits, et sans la moindre étoile,

Tremblant de peur, de froid dessous leur brumeux voile,

J'ai des jours fous de ciel, sans la force d'un cri.

 

J'ai des jours qui sont vieux et qui  n’ont pas d’amis,

Des jours portant le deuil, des jours pleurant la pluie,

Croyant grimper jusqu’où la fête s’est enfuie,

Jusqu’au trop haut zénith du soleil de l'esprit.

 

J'ai des jours animaux, enragés, abrutis,

Cravachés, possédés par d’invisibles maîtres,

De guerre et de chaos sans cesse à se repaître,

Me labourant d'orgueil et de creux paradis!

 

Serrant tels des étaux, ces jours de métal gris,

Voulant aussi menu que mon corps tout mon être,

Voulant dans l’apparent me faire disparaître,

Jours si laids, jours si beaux, si grands sous l’avachi !

 

Plus je meurs au-dehors, plus mon roi secret vit,

Plus la souffrance vainc, plus je chante victoire,

Plus le faux se dit vrai, mieux je vois l’illusoire,

Plus m’encagent ces jours et plus mon âme rit.

 

Soudain ressuscités, ces souvenirs jaunis 

Dessinant les rondeurs de  vaisseaux galactiques,

Le rayonnant des fils de l’amour idyllique

Descendus nous sculpter joyaux  de cœur sans prix.

 

Dépassant le passé, oubliant notre oubli,

Les voici de retour, nos guides authentiques,

Chassant les imposteurs, ramenant du cosmique

Les fleurs de l’harmonie aux senteurs d’infini!

 

COMMENTAIRE

REFLETS Wallonie-Bruxelles, N° 71, Janvier-février-mars 2022

POÉSIE

André Streel De l'animal au divin, Testament poétique, Edilivre, 2017, 418 p., 28 C.

André Streel a longtemps fait partie de notre association, il y revient après une absence de quelques années, avec ce gros volume, à considérer, semble-t-il, comme un Testament, à l'instar de ceux de Villon, le petit et le grand, encore que...

Mais visiblement, André Streel, en parfait érudit, a inclus dans ce testament bon nombre de formes fixes, certaines - les plus nombreuses, remontant au Moyen-Age, ballades, rondeaux, triolets...I1 s'est aussi inspiré de formes plus récentes, du sonnet par exemple. Il le fait avec une parfaite maîtrise, à tel point que l'on pourrait parfois s'y tromper, et croire à des textes d'un auteur ancien.

Mais il ne s'agit pas là de pure virtuosité : en ce Testament, c'est toute une vie d'homme, toute une expérience humaine, qui nous est ainsi livrée, avec ses joies, ses tracas, ses souffrances profondes, son mal-être, et ses moments d'exaltation. Ses expériences, ses souffrances, ses désillusions. Et souvent, l'incompréhension ambiante...Au fil des pages, surtout vers la fin, se manifeste aussi la prédilection pour le bouddhisme, le taoïsme, et leurs sages. Un regard sans pitié sur notre monde actuel, ainsi dans le sonnet Chaperon rouge, p.60:

Les temps sont révolus des peureuses fillettes,

Chaperon rouge mange aujourd'hui le grand loup,

Terminant autrement la vieille historiette.

Mais parfois aussi l’ironie se voile de tristesse, ainsi p.56, dans Ces deux-là :

Tous ces longs chemins-là de souvenirs résonnent,

Tous ces lourds matins-là sont ma main sans sa main,

Tout ce sombre hiver-là oublie un vieux refrain,

Sous cette bise-là mon cœur glacé frissonne.

 

Et le tout avec, comme en écho parfois, des accents qui rappellent Baudelaire, ou bien Victor Hugo, quand ce n'est Villon lui-même. Et nous terminerons sur une note optimiste, avec le triolet de la page 394, Vers toi :

Cœur en soleil, j'irai vers toi,

Mes rayons d'or fondront ton ombre,

Te brûleront de mille émois.

Cœur en soleil, j'irai vers toi

Et de l’amour ferai ton roi :

Tu brilleras, éclats sans nombre.

Cœur en soleil, j'irai vers toi,

Mes rayons d'or fondront ton ombre.

 

Joseph Bodson

 

Avec BABA

Recueil de 108 poèmes spirituels dédiés à Sri Sathya Sai Baba ou inspirés par Lui. Il est l'Avatar, l'incarnation divine de ce temps décisif de passage de l'âge de fer à l'âge d'or. Les mots manquent pour exprimer l'extraordinaire de la situation et du privilège de conscience: avoir pu approcher Dieu dans une forme humaine, se nourrir de Lui directement, c'est au-delà du plus irréel des rêves! S'accorder à Lui, c'est s'accorder à Soi, c'est pour l'heure contribuer en pratique à faciliter ce passage. Vérité-Bonté-Beauté sont le fondement de toute édification humaine, triple aspect d'une seule réalité. Aussi développer toute forme de beauté est-ce ouvrir notre humanité une à la grandeur de son avenir, notamment par la poésie, cet art du verbe premier qui fait monter à l'étage de notre être, nous transporte de l'illusoire de la matière au réel permanent, nous entraîne à quitter notre nature animale pour notre véritable nature, divine.

"Je suis venu avec la plénitude de la Puissance divine pour transformer l’humanité, élever la conscience humaine et ramener les hommes sur le chemin de la Vérité , de la Rectitude , de la Paix et de l’Amour. Je suis venu pour remettre le monde sur la bonne voie.

Je suis Tout, Omniscient, Tout-puissant et Omniprésent. Et tout ce que je veux se manifeste sur-le-champ. Je suis l’incarnation complète du Divin sous la forme humaine. On peut m’appeler “Incarnation de l’Amour divin”. L’Amour est la richesse que je prodigue généreusement aux gens démunis et éprouvés. Tout m’appartient en ce monde ; le monde entier est à moi. On peut m’invoquer par le nom que chaque religion préconise pour louer Dieu et m’adorer sous n’importe quelle forme. Certains n’invoquent pas mon nom,  néanmoins tout le monde m’appartient."

Sri Sathya Sai Baba

CELUI-LÀ M’APPARTIENT

 

Je n’ai pas besoin de richesses, pourquoi le devrais-je ?

Un esprit insouciant me suffit, ô Père,

Pour moi cela vaut des millions !

 

Je n’aspirerai pas à la fortune, pourquoi le devrais-je ?

Un visage radieux me suffit, ô Père,

Pour moi cela vaut des millions !

 

Je ne languirai ni ne réclamerai, pourquoi le devrais-je ?

Un seul de Tes regards me suffit, ô Père,

Pour moi cela vaut des millions !

 

Je n’aurai pas soif de prospérité, pourquoi le devrais-je ?

La joie de T’appartenir me suffit, ô Père,

Pour moi cela vaut des millions !

 

Toutes ces choses dont je dispose me suffisent,

Toutes celles dont Tu m’as gratifié jusqu’à présent,

Pourquoi songer à en obtenir davantage ?

 

Je les reçois quand Tu le souhaites,

Suffisante est pour moi Ta Grâce intarissable

Qui tombe sur tous ceux que Tu as bénis,

Avec ces mots : « Celui-là M’appartient. »

 

Sri Sathya Sai Baba

 

Poésie

 

Sans gloire, sans exploits, sans nom, sans croix, sans fard,

Je suis ce héros-là qui pour tout étendard

Aux yeux a une larme et au front une ride.

Celle-ci se fatigue et l'autre voit le vide.

Je suis ce pauvre-là, riche d'une beauté

Qu'il s'épuise à chercher et qu'il vient d'effleurer.

Je cherche celle-là, et misérable, et drôle,

Je la sais tout partout mais toujours je la frôle.

Elle habite par là, où s’amusent les mots

À rimer deux par deux pour jouer à l’écho.

Elle fait doux baisers les grands vents de nos plaines,

Habille le printemps, chante avec les fontaines.

Jamais on ne l'a vue, elle est d'une splendeur,

Dans son brasier sans flamme il règne une douceur!

À notre insu souvent elle lisse la vie,

Un jour elle m'a dit s'appeler "Poésie".

 

- Si loin me sembles-tu, et tout autant si près.

Serais-je seulement si toi-même n’étais ?

Qui es-tu ? D’où viens-tu ? Où vas-tu, Poésie ?

Et pourquoi donc es-tu si belle, Poésie ?

 

- Je suis de nulle part et je suis de partout,

Je suis bien moins que rien et pourtant je suis tout.
Je ne vais ni ne viens, je suis plus que mystère,

Ne serais-je secret je ne pourrais t’attraire.

Je suis le vrai sans fond de l’au-delà des yeux,

Cet infime infini qui déborde des cieux.

J’entre sans cesse en toi par l’air que tu inspires,

Je suis l’essence pure après quoi tu soupires.
Sur ton miroir piqué je me reflète un peu,

Je suis l’or de l’esprit, du cœur le subtil jeu.

Sur ton désespoir creux se gavant de souffrance,

Je lance des éclairs effaçant l’ignorance.

Je te dis : « Tout est Moi. » Je te dis « Je suis toi. »

Mais ton ego te cache et point tu ne me crois.

Tu cours tous les désirs, tu cours tous les mirages,

C’est égal, j’attendrai que tu deviennes sage…

 

- Pourrai-je jamais être un peu ce que tu es ?

Parviendrai-je jamais au pied de ton parfait ?

Je voudrais te savoir toujours plus, Poésie.

Oui, dis-moi toujours plus qui tu es, Poésie.

 

- Je suis le jour sans nuit, je suis la mort qui vit,

Le silence qui parle et l’arbre qui sourit.

Je suis l’ombre qui luit, je suis l’espace en cage,

Je suis l’être sans corps, je suis le temps sans âge.

Je suis la foi qui sait, je suis le vide plein :

L’impossible avec moi sans grand-peine s’atteint.

Je suis l’oiseau qui nage et la fleur qui palpite,

Le rêve sans sommeil et le bord sans limite.

Je suis toutes les voix du chœur universel

Interprétant sans fin les accords du réel,

Et ses mille couleurs, ses mille fantaisies

Multipliant l’unique absolue harmonie.

Oh toi qui te crois toi, laisse-toi être moi.

A m’être enfin soumis, deviens enfin ton roi.

Ris vraiment quand tu ris, ris encor quand tu pleures,

Qu’au fil de ma beauté disparaissent tes leurres…

 

Comprends-tu maintenant ? Je suis Dieu en beauté,

Et tu es comme moi, tu es Dieu en beauté,

Laisse-moi bien t’aider à percer le paraître

Et alors tu verras que Mon être est ton être…

 

- Tu es si près de moi que je ne peux te voir,

Je suis ce que tu es,  je n’osais le savoir.

L’utopique est trop vrai avec toi, Poésie.

L’avenir se voit grand, l’humain s’y déifie !